Le GS-441524

Pourquoi le GS441524 n'a pas d'AMM en France?

GS-441524 est le nom de code de l'antiviral testé contre la PIF par l'équipe du Pr Pedersen à l'Université de Californie Davis.

C'est probablement LA question qui revient le plus souvent, et on entend plein de réponses différentes, suivant l'intérêt de l'interlocuteur - qui la plupart du temps n'a aucune connaissance en la matière (L'absence d'AMM n'est d'ailleurs pas un problème français mais planétaire).

Essayons de comprendre.

Gilead Science (d'où la sigle GS pour identifier la molecule GS441524) est un géant de l'industrie pharmaceutique américaine. C'est un laboratoire qui produit principalement des antiviraux pour le SIDA, l'hépatite B et C et la grippe. Ce laboratoire, qui a une vaste activité de recherche et développement, détient une multitude des brevets dont celui de la substance active testé par le Pr Pedersen contre la Pif. Il y a quelques années, les chercheurs de l'Université de Californie Davis avaient contacté Gilead pour explorer les possibilités d'utilisation d'un des molecules antivirales développées pour les virus à RNA type Ebola. En accord avec les chercheurs de Gilead, l'equipe de Pedersen avait choisi d'utiliser le GS441524 pour le tester contre la Pif. A ce moment, et pendant les essais cliniques, les représentants de Gilead avaient laissé croire qu'en cas de résultats encourageants la meme UC Davis ou une autre entité aurait pu utiliser les droits pour développer et mettre sur le marché un produit fini por les chats.

Quelque temps plus tard Gilead faisait machine arrière. Lors du Winn Feline Foundation's 2019 FIP Symposium de 2019, à l'ouverture de la table ronde, le Dr Pedersen a raconté ce qu'il s'était passé: «Ils (Gilead) nous ont fait savoir que nous (ou n'importe qui d'autre) ne recevrions pas de droits d'exploitation pour les animaux pour ce composé parce qu'ils avaient découvert entre-temps que le composé semblait très prometteur pour leur recherche sur Ebola - le même composé sous une forme quelque peu différente. Ils craignaient que quelque chose ne se produise dans le domaine du développement animal qui affecterait leur capacité à obtenir l'approbation de la FDA sous forme humaine. … Tout ce que vous trouvez dans n'importe quelle espèce animale doit être signalé à la FDA, donc si nous trouvions quelque chose de mauvais chez les chats, cela pourrait complètement empoisonner le côté humain ».

C'est donc une "simple" question de droit à l'utilisation de la molecule qui empêche tout laboratoire (ayant pignon sur rue, on ne parle pas ici de la production chinoise évidemment) de développer des essais cliniques pour un produit en vue d'une AMM.

Pour faire un peu de clarté: même avec 1.000.000 d'essais cliniques concluants quant à l'efficacité et la sureté de la molecule -essais pilotés par des chercheurs (des simples vétos ne peuvent pas faire de recherche, ça va sans dire) et réalisés avec une matière premiere achetée auprès d'un laboratoire de chimie ayant pignon sur rue et les certifications qui vont avec dans le secteur pharma- sans avoir obtenu par Gilead Science les droits d'exploitation du GS441524, personne sur terre ne peut légalement espérer d'obtenir une autorisation de mise sur le marché, et ce sous aucune forme.